De multiples raisons peuvent pousser un informaticien à devenir freelance: l’opportunité, le rejet d’un salariat insatisfaisant, un gout personnel prononcé pour l’entreprenariat… Une fois le pas franchi, quelles qu’en soient les raisons, les problématiques rencontrées seront les mêmes. Nous ne parlons pas ici de celles et ceux qui sont en mission longue renouvelable, en régie, pour qui le terme freelance ne signifie pas beaucoup plus que leur mode de rémunération et l’abandon, hélas, d’une part importante de leurs droits sociaux. Pour les autres, être freelance c’est sortir de sa zone de confort pour affronter les questions de produit (ses propres connaissances, et leurs mises en pratique), de client, d’intermédiaire, de complexité administrative, etc. Bien loin de l’informatique.
Quand on est freelance on n’a plus de chef. C’est vrai. Est-ce que, pour autant, on n’a plus de contrainte ? Bien sûr que non. A la hiérarchie statique, pyramidale, du salariat on substitue une série de relations directes avec ses clients, l’administration, son banquier, ses partenaires, son comptable. Être indépendant c’est s’assurer que ces relations ne se transforment pas en rapports de force si on ne veut pas y laisser sa peau. L’indépendance c’est aussi la solitude. Lorsque les problèmes arrivent on se retrouve unique responsable et il n’y a pas de moyen de se cacher.
Les réseaux sociaux fourmillent de gentils escrocs qui expliquent, photos à l’appui, comment ils gagnent trois fois plus en indépendant, sans se fouler, en télétravail depuis Ibiza. Dans la vraie vie, les contrats se gagnent et parfois se perdent, les clients en veulent plus pour moins cher, les concurrents bâclent le boulot pour 5 dollars. Se faire une clientèle prend du temps, il faut le savoir quand on démarre, pour l’anticiper ou pour se préparer à manger des coquillettes pendants quelques mois. Et une fois établi, il faudra aussi s’attendre à avoir des hauts et des bas et oublier la sécurité du salariat : salaire fixe/mutuelle/congés payés/ticket restau/assurance chômage/prime annuelle/cadeau du CE, etc…
Il ne faut pas se mentir, si on est informaticien on n’a pas la psyché naturelle d’un commercial. Il faut pourtant faire le boulot, c’est même la principale activité du freelance : trouver des clients. On peut espérer démarrer avec son réseau et le bouche à oreille mais ça ne durera probablement pas. Il faut à un moment se projeter, s’exposer. Savoir ce qu’on veut vendre, à qui et combien. Prospecter et convaincre. Rien de révolutionnaire mais ce ne sont pas des choses qu’on apprend dans les écoles d’informatique, ni sur le fond ni sur la forme. Bien sûr on peut contourner l’obstacle en sous-traitant à des ESN. Mais là ce n’est plus vraiment le même métier.
Reste la question initiale : C’est une bonne situation ça freelance ? Malgré tout oui. On peut en vivre et même bien en vivre. On apprend des quantités de choses en rencontrant des quantités de gens. Parce que, c’est vrai, c’est avant tout une affaire de rencontres…