background-shape
NO-CODE : Tout le monde déteste les informaticiens

Je suis toujours surpris de voir la promotion de solutions logicielles se centrer sur le concept ‘no-code’. Pour décrire ce qu’il y a de plus (plus simple, plus rapide, plus abordable), ce mot magique dit simplement ce qu’il n’y a pas : du code. C’est faux bien sûr. No-code ne veut pas dire « pas de code » mais veut dire que le code est générique, industriel. Il a été développé pour correspondre aux besoins d’un client type. Il y a en réalité bien plus de code que dans une application standard pour couvrir tous les aspects le domaine traité, même si l’application n’en a pas besoin.
La question.. n’est pas de nier l’intérêt pour des solutions logicielles de ce type, parfaitement adaptées à certains besoins, mais de se demander quelle est l’image de notre métier lorsque l’argument marketing numéro 1 est : on n’a pas besoin de vous. Parce que la promesse ultime du no code c’est bien « vous n’avez plus besoin d’informaticiens ». De nombreux restaurants ont choisi de servir des plats préparés industriellement simplement assemblés et réchauffés à la commande mais aucun n’aurait l’idée d’afficher sur leur devanture un logo « NO CUISINE ». En revanche on peut promouvoir l’idée qu’un logiciel sera bien meilleur si aucun informaticien n’intervient dans sa fabrication. Il faut probablement chercher dans le comportement des informaticiens les sources de ce désamour. Les valeurs habituellement mise en avant, la compétence, la rapidité, la maitrise des technologies, ne suffisent pas à instaurer la confiance et sont même souvent contreproductives en créant une distance avec nos interlocuteurs. Alors quels pourraient être les axes à développer pour améliorer notre image ?

L’humilité

Il n’est pas facile d’adopter à la fois la position de l’expert que l’on attend de nous, et une approche humble, c’est pourtant la clé du problème. Comme un médecin, un informaticien doit donner une image de compétence et être à l’écoute. Ne pas s’agacer ou être ironique face à l’absence de connaissance de l’ignorance de son interlocuteur. Notre connaissance doit être mise au service de l’autre et ne pas servir de moyen de domination. Tout argument d’autorité devrait être proscrit.

La simplicité

Notre domaine est, comme tout domaine technique, un paradis du jargon. Rester dans ce registre de langage face à des personnes qui ne le pratiquent pas ne donne pas une image positive, n’impressionne pas. Au contraire cela nous fait passer au mieux pour des imbéciles au pire pour des escrocs. Même en évitant le jargon, on se retrouve souvent à devoir présenter des solutions complexes à des problèmes simples. Là aussi il est de notre responsabilité de rendre compréhensible notre discours et surtout de faire l’effort de l’adapter à notre auditoire.

L’honnêteté

Proposer une solution logicielle à quelqu’un qui ne maitrise pas le sujet revient à instaurer un contrat de confiance. Et la confiance, ça se gagne. En expliquant, en rassurant, en étant transparent sur les options possibles et en préconisant toujours ce qu’on pense être le plus adapté pour répondre aux besoins exprimés. Même si ce n’est pas ce qu’on aimerait faire, ou ce qui nous arrange. Et au bout du compte on peut même se retrouver à conseiller une solution no-code.